Le tardigrade, l’habitant du monde des trois soleils

Il y beaucoup d’idées fascinantes dans le roman de Cixin Liu « Le problème à trois corps », publié en France en 2014. Sans vouloir trop en raconter, je citerais les nano-filaments ultra-résistants, les multiples dimensions de la matière au niveau quantique, et bien-sûr le chaos dramatique d’un système planétaire comportant 3 soleils. Pourtant, au-delà de la fascination du récit, un certain pessimisme domine. On se prend à penser aux problèmes que l’humanité pourrait avoir, si les nouvelles inventions à venir tombaient entre les mauvaises mains. C’est déjà le cas pour l’arme nucléaire, cela va continuer pour la mise en réseau des ordinateurs, l’intelligence artificielle, et on ne sait pas quoi encore. Au delà du récit d’aventure, comme beaucoup d’histoires de science fiction (1984, Terminator) « le problème à trois corps » est aussi un avertissement sur le futur, un futur qui pourrait nous terrasser de manière fulgurante. l’Homme a beaucoup de dons, il a en particulier le don de fixer son attention et sa volonté, et de réaliser tout ce qu’il « sait » être réalisable, à ses risques et périls. Les machines intelligentes viendront. Peut-être se rendra-t-on compte, après plusieurs siècles de « problèmes », que, comme l’arme nucléaire, elles ne servent à rien…

Cixin Liu met en lumière le fait éternel que chaque lutte appelle une autre lutte, chaque haine une autre haine, chaque guerre une autre guerre. Son point de départ : la Révolution Culturelle en Chine, son point d’arrivée:  le présage d’une guerre titanesque encore à venir, laissant peut d’espoir aux humains, sauf s’ils se montrent inventifs, vaillants et travailleurs. La question qui reste en suspens est: les humains méritent-ils vraiment de (sur)vivre?

A part ces nouvelles peu réjouissantes, la découverte fascinante que j’ai faite en lisant ce roman, ce sont ces êtres pouvant se déshydrater à volonté pour résister à de longues périodes de sécheresse, de chaleur, ou de froid. Je prenait tout cela pour de la pure fiction, jusqu’à je tombe sur un article consacré au « tardigrade ». (Voir l’article de Wikipedia, pour savoir exactement à quelles conditions hallucinantes ce petit animal peut être exposé.) On estime qu’ en état d’anhydrobiose, le tardigrade serait capable de survivre dans l’Espace. Sur Terre, il pourrait résister à tous les cataclysmes possibles et imaginables…

Cixin Liu  a peut-être été inspiré par le « Ripper« , de Star Trek, une sorte de monstre spatial tueur doté de pouvoirs mystérieux. Entre une bête longue de 5mm et une créature complexe, il n’y a qu’un pas pour un scénariste ou un écrivain, mais quand même quelques millions d’années d’évolution pour la nature.  Mais… qui sait?  Peut-être que quelques gènes de ce animal nous seraient utiles pour résister à des catastrophes climatiques encore à venir?  (Et si nous avions déjà ces gènes en nous sans le savoir?) Il est également intéressant de voir que les créateurs de Star Trek on imaginé un « Ripper » en relation symbiotique avec des champignons, qui sont de loin la forme de vie la plus résistante aux conditions extrêmes.

Quoi qu’il en soit, « le problème à trois corps » est un livre à lire pour la virtuosité de ses idées, la découverte du monde des trois soleils, un monde où l’Histoire se répète indéfiniment, au gré des forces de gravitation. L’auteur nous fait réaliser que notre capital le plus élevé c’est une planète stable et accueillante. Nous devrions tout faire pour la conserver.

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